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Vers de terre : plus grande diversité en région tempérée que dans les tropiques

Les changements climatiques pourraient perturber les populations de vers de terre du monde entier
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 24 October 2019

Étonnamment, les vers de terre sont gĂ©nĂ©ralement plus nombreux et diversifiĂ©s dans n’importe quel endroit donnĂ© des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es que dans les tropiques, selon une Ă©tude publiĂ©e cette semaine dans la revue Science. Les changements climatiques pourraient modifier considĂ©rablement les populations de vers de terre partout sur le globe et nuire Ă  leurs nombreuses fonctions Ă©cologiques. L’étude, regroupant 140 chercheurs des quatre coins de la planète incluant l’UniversitĂ© 69ČČĘÓƵ, compile le plus grand ensemble de donnĂ©es sur les vers de terre au monde, englobant 6 928 sites de 57 pays. Elle a de plus Ă©tĂ© dirigĂ© par des scientifiques du Centre allemand de recherche intĂ©grative sur la ˛úľ±´Ç»ĺľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© (iDiv) et de l’UniversitĂ© de Leipzig.

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Les vers de terre, plus diversifiés en région tempérée

Ce travail colossal montre que les modèles de ˛úľ±´Ç»ĺľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© souterrains ne correspondent pas Ă  ceux observĂ©s en surface. Habituellement, la diversitĂ© (le nombre d’espèces pour une superficie donnĂ©e) des plantes, des insectes et des oiseaux augmente au fur et Ă  mesure que la latitude diminue; ainsi, le nombre d’espèces diffĂ©rentes est Ă  son plus Ă©levĂ© dans les tropiques. Or, les chercheurs ont constatĂ© l’inverse chez les vers de terre : c’est en Europe, dans le nord-est des États-Unis et en Nouvelle-ZĂ©lande que ces derniers sont le plus diversifiĂ©s. C’est Ă©galement le cas pour leur abondance (le nombre d’individus dans pour une superficie donnĂ©e) et leur biomasse (la masse pour une superficie donnĂ©e), qui sont maximales dans les rĂ©gions tempĂ©rĂ©es.

Parallèlement, l’aire de répartition des espèces tropicales de vers de terre semble plus restreinte. « Dans les tropiques, on peut trouver des groupes d’espèces de vers de terre totalement différents à quelques kilomètres les uns des autres; dans les régions plus froides, ils restent sensiblement les mêmes », explique Helen Phillips, auteure principale et chercheuse à l’iDiv. « Il se peut que même si on ne trouve que peu d’espèces dans un endroit donné des tropiques, le nombre total d’espèces dans toute la région soit extrêmement élevé. Nous ne le savons pas encore. » Cette incertitude est principalement due au fait que beaucoup d’espèces de vers de terre n’ont pas encore été décrites. Par conséquent, les vers repérés à différents endroits pourraient être ou non de la même espèce – il faudra étudier la question.

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Une carte mondiale des vers de terre

Même si l’importance des vers de terre pour les écosystèmes et les humains est bien connue, on en sait peu sur leur distribution à travers la planète. « Les chercheurs savent depuis des décennies qu’une superficie donnée abrite habituellement plus d’espèces dans les tropiques qu’en région tempérée, poursuit Helen Phillips. Mais jusqu’à maintenant, nous n’avions pas réussi à observer de manière quantitative les mêmes modèles chez les vers de terre, puisqu’il n’existait aucun ensemble de données mondial sur cet animal. »

Avec ses collègues, elle souhaitait dresser une carte mondiale des vers de terre en utilisant le plus de donnĂ©es possibles sur leur diversitĂ©, leur abondance et leur biomasse. Au sein d’un groupe de travail international du sDiv (le centre de synthèse de l’iDiv), Helen Philips et son Ă©quipe ont demandĂ© Ă  des chercheurs du monde entier de les aider Ă  monter une nouvelle base de donnĂ©es en libre accès. « Nous avons commencĂ© le projet en 2016, Ă  partir de rien. Ă€ peine quelques annĂ©es plus tard, nous avons publiĂ© une des plus vastes bases de donnĂ©es sur la ˛úľ±´Ç»ĺľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© des sols. C’est un exploit remarquable qu’on doit Ă  l’auteure principale, Helen Philips, et aux nombreux scientifiques qui nous ont accordĂ© leur confiance », se rĂ©jouit le professeur Nico Eisenhauer, directeur de la recherche Ă  l’iDiv et Ă  l’UniversitĂ© de Leipzig.

On retrouve les vers de terre dans de nombreux écosystèmes : partout où le sol n’est pas gelé (pergélisol), trop humide, acide ou complètement sec (déserts), ils influencent considérablement leur fonctionnement. Ils creusent des trous, mélangent les composantes du sol et consomment des débris organiques; ce faisant, ils stimulent toutes sortes de services écosystémiques, comme la production de nutriments, la disponibilité d’eau douce, le stockage du carbone, la régulation du climat et la dissémination des semences. Pour ces raisons, les vers de terre sont de très précieux ingénieurs écologiques. Leur importance se reflète aussi dans leur biomasse, qui est souvent plus élevée que celle de tous les mammifères vivant dans la même zone.

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Et au Québec?

Joann Whalen, coauteure de l’étude, travaille au DĂ©partement des sciences des ressources naturelles de 69ČČĘÓƵ. Au cours des vingt dernières annĂ©es, son groupe de recherche a Ă©tudiĂ© en profondeur les populations de vers de terre du sud du QuĂ©bec. « Au dĂ©but, nous pensions que les donnĂ©es quĂ©bĂ©coises Ă©taient intĂ©ressantes, mĂŞme si elles couvraient une zone gĂ©ographique limitĂ©e. Puis, nous avons Ă©tĂ© impressionnĂ©s de voir combien de nos collègues du monde entier Ă©taient prĂŞts Ă  mettre en commun leurs donnĂ©es pour ce projet stimulant, raconte-t-elle. La population de vers de terre dans le sud du QuĂ©bec est variĂ©e et en santĂ©, tant dans les terres non cultivĂ©es près des rivières et des cours d’eau que dans les prairies de fauche, les pâturages et les terres agricoles oĂą on adopte des pratiques rĂ©gĂ©nĂ©ratrices comme les semis directs et la rotation des cultures. Nous encourageons les fermiers et les citoyens Ă  laisser par terre les rĂ©sidus organiques comme les feuilles et la paille, car ils amĂ©liorent la fertilitĂ© des sols et constituent une excellente source de nourriture pour les vers de terre. En gĂ©nĂ©ral, ces derniers semblent très bien se porter ici. »

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Les changements climatiques, une menace potentielle pour les vers de terre

Les chercheurs se sont également penchés sur les facteurs environnementaux qui influencent la diversité, l’abondance et la biomasse des vers de terre, et ont déterminé que les plus importants sont liés aux précipitations et à la température. « Étant donné leur effet considérable sur ces facteurs, les changements climatiques pourraient affecter les populations de vers de terre et modifier les fonctions et services écosystémiques, estime Nico Eisenhauer. Comme ils font figure d’ingénieurs écologiques, nous nous inquiétons des répercussions potentielles sur d’autres organismes comme les microbes, les insectes terricoles et les plantes. »

Les rĂ©sultats de l’étude orienteront les prioritĂ©s en matière de conservation, puisque la ˛úľ±´Ç»ĺľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© est habituellement un critère important pour la sĂ©lection des zones protĂ©gĂ©es. Or, privilĂ©gier uniquement la diversitĂ© en surface pourrait nuire Ă  la protection des vers de terre. Une Ă©valuation complète devrait Ă©galement prendre en compte les zones souterraines, ce qui permettrait aux Ă©cologistes de repĂ©rer les vrais foyers de ˛úľ±´Ç»ĺľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ© de la planète.

« Il est temps de repenser la conservation de la ˛úľ±´Ç»ĺľ±±ą±đ°ů˛őľ±łŮĂ©, poursuit Nico Eisenhauer. Comme elles se cachent souvent dans le sol, nous oublions facilement les merveilleuses crĂ©atures qui sont juste sous nos pieds. Il est vrai que le ver de terre est mystĂ©rieux et qu’il n’a pas le charisme d’un panda, mais il est extrĂŞmement important pour les autres organismes et le fonctionnement de l’écosystème. »

Ă€ lire dans la revue Science, « Global distribution of earthworm diversity » par Helen R. P. Phillips et alĚý:Ěý

DOI: 10.1126/science.aax4851

Ă€ propos de l’UniversitĂ© 69ČČĘÓƵ

FondĂ©e Ă  MontrĂ©al, au QuĂ©bec, en 1821, l’UniversitĂ© 69ČČĘÓƵ est l’une des principales universitĂ©s canadiennes. 69ČČĘÓƵ compte deux campus, 11 facultĂ©s, 13 Ă©coles professionnelles, 300 programmes d’études et au-delĂ  de 40 000 Ă©tudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supĂ©rieurs. 69ČČĘÓƵ accueille des Ă©tudiants originaires d’environ 150 pays, ses 12 800 Ă©tudiants Ă©trangers reprĂ©sentant 31 pour cent de sa population Ă©tudiante. Environ 19 pour cent des Ă©tudiants de 69ČČĘÓƵ indiquent que leur langue maternelle est le français

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